Article Paris Normandie du 26 juillet 2018 : Le FC Rouen en mode SAS ?

Matthieu Gudefin (à droite), le président de la Fédération des Culs Rouges, estime que le projet de SAS, monté par Fabrice Tardy (à gauche), le boss du FCR, va dans « le sens de l’histoire » (photo Benoît Dubuisson)
En quête de capitaux, et donc d’investisseurs, les dirigeants du FC Rouen envisageraient, pour les attirer, de créer une société par action simplifiée.

S’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas reprocher à Fabrice Tardy, c’est de ne pas mettre la main au portefeuille. Depuis qu’il a pris les rênes du FCR (en 2013), le PDG de Surveyfert a en effet injecté plusieurs centaines de milliers d’euros dans l’association (la forme juridique adoptée par le club depuis le dépôt de bilan de la SASP en 2013). Rien que lors de l’exercice précédent, c’est, au bas mot, 200 000 € que le président du club a sortis de sa poche, pour le résultat que l’on sait (les Diables Rouges ont terminé 12e de leur poule de N3). Est-ce pour cette raison que le président rouennais a décidé, cette saison, de mettre un grand coup de barre à droite et de réduire drastiquement le budget (passé de 750 000 € à 496 000 €) ?

Pas tout à fait. Bien sûr, les médiocres résultats du FCR ont sans doute fini de convaincre le « boss » que, sauf à avoir les moyens de l’émir du Qatar, l’argent n’était pas un gage de succès. Mais, ce qui semblerait avoir vraiment fait pencher la balance, c’est la volonté de son entourage de le voir arrêter de sortir, seul ou presque, le chéquier. C’est dans ce contexte que s’inscrit la SAS (société par actions simplifiée)* que Fabrice Tardy essaye, depuis plusieurs mois, de mettre sur pied. Cette structure pourrait permettre au club d’attirer de nouveaux partenaires financiers (investisseurs) mais, bizarrement, les dirigeants ne souhaitent pas communiquer sur le sujet.

Sollicité, le patron du FCR n’a en effet pas daigné nous répondre. Quant à Stéphane Leroux (son bras droit), il a poliment refusé de s’exprimer. Dommage, car les supporters des Diables Rouges, auraient sans doute aimé avoir plus de détails. Ils auraient probablement apprécié qu’on leur explique la nature des rapports que l’association FCR allait entretenir avec cette SAS. Ils auraient peut-être également aimé savoir si les dirigeants allaient s’attarder sur le pedigree des futurs associés ou si, considérant que l’argent n’a pas d’odeur, ils allaient juste se concentrer sur les garanties financières que ceux-ci pourraient apporter. D’une manière plus générale, ils auraient certainement aimé être rassurés, eu égard au passé « chaotique » du club rouennais (dépôt de bilan en 1995, en 1997 et en 2013).

La Fédération des Culs Rouges future associée ?

Ce que les aficionados seront en revanche, à n’en pas douter, ravis d’apprendre, c’est que Fabrice Tardy a demandé à la Fédération des Culs Rouges de participer au projet. En d’autres termes, il lui a proposé de devenir actionnaire de la SAS (le ticket d’entrée avoisinerait les 20 000 €). Réponse de l’association regroupant les amoureux du FCR ? « Le fait de participer à la gouvernance du club a toujours fait partie des objectifs de notre association, on ne peut donc pas rejeter cette offre, explique Matthieu Gudefin, le président de la « Fédération ». Mais le timing n’est pas bon. Même si nous voulions participer au montage de cette SAS, on ne pourrait pas. Pour devenir actionnaire, il nous faudrait créer une société, lancer une opération de crowdfunding (NDLR : le financement participatif, crowdfunding en anglais, est une expression décrivant tous les outils et méthodes de transactions financières qui font appel à un grand nombre de personnes afin de financer un projet) et cela prend du temps. Par ailleurs, les choix budgétaires pour la saison 2018-2019 ont déjà été effectués. Nous n’avons pas été consultés, on ne peut pas, dès lors, participer au financement de cet exercice. Ceci dit, on ne ferme pas la porte pour le suivant. »

La Fédération des Culs Rouges n’est donc pas hostile à cette (r) évolution. « C’est le sens de l’histoire, insiste Matthieu Gudefin. La plupart des clubs de L2, de N1, sont organisés sous cette forme. Si on aspire à retrouver ce niveau, il faudra le faire tôt ou tard. En outre, depuis peu, lorsqu’une association excède un certain niveau de « revenus », elle est soumise à la TVA. La SAS permettra de contourner ce problème. Et puis, les mécènes se font rares car c’est un financement « à perte ». Dans une société, on peut toujours espérer avoir un retour, cela devrait attirer des gens. » Oui, mais qui ?

* La société par actions simplifiée (SAS) est une société commerciale offrant aux actionnaires une grande liberté d’organisation (définie par les statuts). Cette société est constituée par une ou plusieurs personnes n’engageant leur responsabilité qu’à concurrence de leurs apports.

Article original: https://www.paris-normandie.fr/sport/football-n3–le-fc-rouen-en-mode-sas-ED13452024