
Par Grégory Caru-Thomas
Les dirigeants se succèdent, mais la place qu’ils accordent à la Fédération des Culs Rouges dans la gestion du club, notamment concernant l’aspect financier, est la même : le banc de touche. Une situation que l’association, par ailleurs actionnaire du FC Rouen, regrette et souhaiterait voir évoluer.
Quand en 2024, le FC Rouen s’est retrouvé dans le rouge financièrement, certains supporters, dont les Rouen Fans, n’ont pas manqué de pointer du doigt l’inaction supposée des Culs rouges.
Cirer le banc, c’est ce que fait la Fédération des Culs Rouges depuis maintenant un peu plus de deux ans. Durant cette période, l’association a en effet subi les évènements, mais pas parce qu’elle avait choisi de se mettre en retrait de la gouvernance du FC Rouen. Non. Ce sont les dirigeants successifs du club qui l’ont écartée, en particulier de tout ce qui avait trait aux finances.
Dernier exemple en date ? Le passage devant la DNCG en juin 2025. Avant ce rendez-vous, la « Fédé » avait demandé aux décideurs du FCR de lui fournir les documents (notamment comptables, liasse DNCG) qui seraient présentés au gendarme financier du football français. Ce qui, en tant qu’actionnaire, est dans son droit. En guise de réponse, elle a obtenu les comptes de… décembre 2024.
« On ne la joue pas collectif au sein de la SAS, peste Christophe Bellanger, le boss de l’association regroupant les amoureux du FC Rouen. On a un déficit d’information alors qu’on n’a jamais fait obstruction à quoi que ce soit, y compris à l’été 2024 (moment où Tarkan Ser a repris le club) quand les timings étaient serrés. On a aussi laissé les nouveaux dirigeants travailler, mais ce n’est pas pour ça que nous avons plus d’écoute. Qu’est-ce qui les empêche, par exemple, de faire des conseils d’administration pour nous expliquer le budget présenté à la DNCG, nous faire part des contraintes et des ambitions ? Rien. Néanmoins, ce n’est pas fait. »
Bellanger : « On considère les supporters comme un caillou dans la godasse »
Ça l’était un peu plus sous la présidence Charles Maarek seulement… « Il a manipulé son monde, y compris les Culs Rouges, soupire Bellanger. Il y avait une volonté de cacher les choses. C’est lors d’une réunion, avec lui et le CAC (commissaire aux comptes), avant le passage DNCG de novembre 2023, que tout est sorti. Une semaine avant, il disait que tout irait bien. Le château de cartes s’est écroulé à ce moment-là. On a pris connaissance de la gravité de la situation ce jour-là. Après, on n’a fait que nager à contre-courant pour essayer de sauver ce qui pouvait l’être. » Ce que n’ont pas manqué de souligner certains aficionados, en témoigne cette banderole déployée par les Rouen Fans (groupe de supporters ultras) sur laquelle était écrite « À quoi sert la Fédération des Culs Rouges ? »
En théorie, à jouer le rôle de garde-fou. Ce qui, sans informations ou alors avec des informations parfois partielles, n’a évidemment rien de simple. Mais pourquoi donc les dirigeants du FCR, quels qu’ils soient, ne jouent-ils donc pas plus le jeu ? « Je pense que ce n’est pas propre à Rouen, répond Bellanger. L’actionnariat populaire, c’est un sujet tabou, vite mis de côté. On considère les supporters comme un caillou dans la godasse. Moi, je dis : ouvrez-nous la porte et vous verrez que nous ne sommes pas des empêcheurs de tourner en rond. On peut contribuer, à notre niveau. Il faudrait que la direction discute avec les actionnaires et donne un rôle à chacun. » Le banc de touche, les Culs Rouges ne veulent plus y prendre place.
Les Culs Rouges en quête de main-d’œuvre
Par Grégory Caru-Thomas
Lors de leur dernier conseil d’administration, quand s’est posée la question de remplacer des membres du bureau souhaitant prendre du recul, il n’y avait pas grand monde autour de la table pour prendre le relais. C’est un fait, les Culs Rouges peinent aujourd’hui à trouver des forces vives, pour preuve la chute progressive du nombre d’adhérents. De 200 il y a encore quelques années – même 600 quand la Fédé est montée au capital du FC Rouen –, ils ne seraient aujourd’hui plus que 100 environ. Outre la crise du bénévolat, valable quelle que soit le type d’association, les différentes crises qui ont secoué le club et le peu de pouvoir de la « Fédé » sur celles-ci n’ont pas incité les gens à s’engager ou à se réengager.
Bellanger : « On a besoin du soutien populaire »
« Oui, mais ce n’est pas quand il y a de la tempête qu’il faut quitter le navire, souligne Christophe Bellanger, le numéro 1 des Culs Rouges. Après, je pense aussi qu’on a été en déficit de communication par rapport aux actions qu’on a mené ces deux dernières années. Il faut savoir faire son mea culpa. Maintenant, on a besoin du soutien populaire. Quand je vois à Guingamp, ils sont 11 000 (l’association Kalon EAG est également actionnaire du club) ! Si les gens adhèrent, ça va donner de la puissance à la Fédération des Culs Rouges notamment auprès de la SAS. »